En célébrant la fête de la Pentecôte et de la Sainte Trinité, nous sommes portés à évoquer le lien qui existe entre l’amour que Dieu a pour nous, et qui fait de nous ses enfants, et l’espérance que l’Esprit Saint répand dans nos cœurs : « L’espérance ne déçoit pas, nous dit St Paul, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5-6)
L’espérance théologale est l’antidote pour résister face à la morosité de ce temps. L’instabilité persistante dans les Régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest; les scandales de toute nature; les difficultés des familles à joindre les deux bouts, le chômage, les secousses du tribalisme, de l’ethnocentrisme et les népotismes divers, la vie chère et les autres manifestations de la misère rampante; l’égoïsme et l’accumulation exacerbée des biens entre les mains de quelques-uns; les coupures intempestives de l’eau et du courant électrique sans oublier les frustrations de toute nature. L’apôtre Paul conclut sa lettre aux Romains par ce souhait : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15, 13).
Déborder d’espérance signifie ne pas se décourager, c’est-à-dire espérer même quand les raisons humaines d’espérer s’amenuisent. Avec la grâce de l’espérance, nous savons que Dieu a le dernier mot sur notre histoire et nos projets. Nous avons en nous une source d’énergie qui nous pousse d’aller en avant, qui nous aide à rester en chemin, qui fait de nous des battants, et qui nous empêche de nous endormir et de sombrer dans la torpeur. L’espérance nous donne d’avancer en eau profonde afin de mieux jeter le filet. Elle est la source de nos innovations, de nos inspirations, de notre créativité. Elle permet de découvrir sans cesse de nouvelles possibilités de bien faire. C’est elle qui nous donne la certitude, qu’après les batailles d’ici-bas, nous participerons par grâce à la vie éternelle, au-delà des vicissitudes de notre existence ; au-delà de nos fermetures, de nos chutes et rechutes, de nos doutes et reniements.
Il y a plus ! L’Esprit Saint ne nous rend pas seulement capables d’espérer, mais il nous rend également capables d’être des semeurs d’espérance, d’être nous aussi – comme lui et grâce à lui – des « paraclets », c’est-à-dire des consolateurs et des défenseurs de nos frères et sœurs, des semeurs d’espérance. Un chrétien peut semer la tristesse, il peut semer la peur, il peut semer le doute. Il peut devenir la cause du malheur des autres… celui qui fait cela n’est pas un bon chrétien. Le chrétien sème l’espérance comme parfum. Le parfum de l’espérance, et non le vinaigre de la tristesse et de la désespérance. Le bienheureux Newman disait : « Instruits par notre propre souffrance, par notre propre douleur, disons-le, par nos propres péchés, nous aurons l’esprit et le cœur exercés à toute œuvre d’amour vers ceux qui en ont besoin. Nous serons, selon notre capacité, des consolateurs à l’image du Paraclet, et dans tous les sens du terme : avocats, assistants, porteurs de réconfort. Nos paroles et nos conseils, notre manière de faire, notre voix, notre regard seront bons et apaisants ».
Et ce sont surtout les pauvres, les exclus, les mal-aimés qui ont besoin de quelqu’un qui soit pour eux « paraclet », c’est-à-dire consolateur et défenseur, comme l’Esprit Saint le fait pour chacun de nous qui sommes ici sur cette place, consolateur et défenseur. Nous devons faire de même pour les plus nécessiteux, les plus rejetés, ceux qui en ont le plus besoin, ceux qui souffrent le plus. Être des défenseurs et des consolateurs !
Les gens vont là où ils respirent l’air de l’espoir et fuient là où ils ne sentent pas sa présence. Notre manière de faire et nos paroles doivent donner aux jeunes le courage de fonder une famille ou de suivre une vocation religieuse ou sacerdotale, elle les éloigne de la drogue et d’autres formes de désespoir.
Il faut reprendre le mouvement d’espérance initié par le Concile Vatican II. Il nour faut recommencer à parler de joie et d’espérance (Gaudium et spes) sans craindre de paraître naïf. Il faut avoir le courage de croire encore à la providence divine qui ne se trompe et ne trompe pas en ses desseins.
En outre, l’espérance est une aide dans le parcours personnel de sanctification car elle devient, chez ceux qui l’exercent, le principe du progrès spirituel. Elle ne permet pas de se reposer dans la tiédeur et la paresse. Et même lorsque la situation devient extrêmement dure et qu’il semble qu’il n’y ait vraiment plus rien à faire, c’est là que l’espérance indique encore une tâche : endurer jusqu’au bout et ne pas perdre patience, en s’unissant au Christ sur la Croix. Les hommes ont besoin d’espérance pour vivre et ont besoin de l’Esprit Saint pour espérer.