Année liturgique ’’A’’
Is 49, 1-6
Jn 13, 21-33 ; 36-38
« Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. »
Chers frères et sœurs en Christ, depuis le dimanche des rameaux avec la lecture de la passion du Seigneur, le lundi Saint avec la péricope du parfum de grand prix répandu sur les pieds de Jésus, le simple nom de Judas Iscariote, suscite déjà chez les chrétiens une réaction instinctive de réprobation et de condamnation.
Pourquoi Judas a-t-il trahi Jésus ?
La question est l’objet de diverses hypothèses. Certains recourent au fait de la cupidité, d’autres soutiennent une explication d’ordre messianique : Judas aurait été déçu de voir que Jésus n’insérait pas dans son programme, la libération politico-militaire de son pays.
En réalité, les textes évangéliques insistent sur un autre aspect : Jean dit expressément que le « Démon a inspiré Judas Iscariote, fils de Simon, l’intention de le livrer » (Jn 13, 2)
Luc écrit de manière analogique : « Satan entra en Judas, appelé Iscariote qui était un des douze. » (Luc 22, 3)
Au-delà des motivations historiques, n en vient à une responsabilité personnelle de Judas, qui céda misérablement à une tentation du malin.
La trahison de Judas demeure en tout cas un mystère, Jésus l’a traité d’ami (Mt 26, 50) mais, dans ses invitations sur la voie des béatitudes, il n’a pas forcé les volontés, et ne les a pas prémunies contre les tentations de Satan, respectant la liberté humaine…
Rappelons-nous, Pierre voulut lui aussi s’opposer à Jésus et à ce qui l’attendait à Jérusalem mais il reçut un très vif reproche : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » (Mc 8, 32-33)
Après sa chute, Pierre s’est repenti et a trouvé pardon et grâce.
Judas s’est lui aussi repenti, mais son repentir a dégénéré en désespoir et est ainsi devenu autodestruction…
Gardons bien présentes deux choses :
La première : Jésus respecte notre liberté ;
La seconde : Jésus attend notre disponibilité au repentir et à la conversion ; il est riche en miséricorde et en pardon.
Somme toute, quand nous pensons au rôle négatif joué par Judas, nous devons l’insérer dans la conduite supérieure des évènements de la part de Dieu.
Sa trahison a conduit Jésus à la mort, mais celui-ci a transformé cet horrible supplice en un espace d’amour salvifique et en remise de soi à son père. (Gal 2, 20)
Le verbe « trahir » est la traduction d’un mot grec qui signifie « remettre, livrer. »
Parfois son sujet est Dieu lui-même en personne. C’est lui qui par amour a « livré » Jésus pour nous tous. (Rm 8, 32)
Dans son mystérieux projet salvifique, Dieu saisit le geste inexcusable de Judas comme une occasion de don total du fils pour la rédemption du monde.
Abbé André Bernard NGOMA, Diacre.